Ce n'était peut-être pas une bonne idée de commencer à regarder "Une merveilleuse histoire du temps" sur l'histoire de Stephen Hawking à 23h10 alors que mes dernières semaines ont été épuisantes.
Ce n'était peut-être pas une bonne idée d'aller jusqu'au bout du film et de finir à plus d'1h du matin en laissant monter l'émotion alors que je dors très mal depuis de nombreux jours.
Ce n'était peut-être pas une bonne idée d'éteindre la télé puis de mettre la B.O magnifique, et plus particulièrement "The whirling ways of stars that pass" en boucle dans mes écouteurs alors que je commençais à pleurer à 1h23.
Ce n'était peut-être pas une bonne idée de cumuler tout ça alors que R.32 ans me manque d'une façon inexplicable depuis plus d'une semaine. Moi si déterminée, je n'avais plus de peine depuis un moment. Les déceptions sur l'après-relation s'étaient tellement enchaînées que les attentes n'étaient plus là. J'étais bien. Sincèrement. Légère. Puis une occasion de se revoir il y a un mois, 2 bonnes heures chez moi en début de soirée. L'occasion de partager ma décision ferme prise en septembre. Histoire de se dire des banalités après près de 2 mois de silence, à nouveau, de sa part.
"Et ton boulot comment ça va ?", "Il paraît que tu fais ça en ce moment, ça te plait ?", "Tu sais, malgré mon silence, je regarde régulièrement tes réseaux sociaux, mais pas ceux de l'autre femme, je reste jaloux", "D'ailleurs, tu prépares ton livre ?", "Je suis fier de toi, si tu savais", "Je ne t'oublie jamais, je pense souvent à toi, tant de choses me font penser à toi, mais je ne dis rien", "Est-ce que je suis heureux ? Je sais pas, oui sûrement, pour l'instant je suis surtout inquiet", "Pourquoi je suis silencieux pendant longtemps ? Parce que depuis notre dernière histoire de janvier je me freine", "Quoi ? Tu ne veux plus qu'on se voit ? Tu pars à l'étranger ?", "Oh, tu veux qu'on coupe les ponts ? Je comprends, je t'ai fais tant de mal, si tu savais à quel point je me déteste de t'avoir fait tant souffrir", "Tu es si importante pour moi"...
Puis d'un coup sa tête d'enfant perdu, j'ai peut-être vu ses larmes lui monter aux yeux mais réfreinées naturellement aux portes des paupières, lui qui veut tellement rentrer dans des carcans de vie qui, pour moi, ne lui convient pas. Avoir si peur de son passé sans se rendre compte qu'il menace son avenir comme ça. Lui dire, être franche, comme je l'ai toujours été. Donner mon avis, ma vision des choses. L'entendre se confier comme il l'a fait quelques fois seulement quand il baissait la garde au plus bas dans nos moments d'émotions, l'écouter, me coller à lui instinctivement, le prendre contre moi, glisser ma main dans ses cheveux et le laisser poser sa tête sur ma poitrine, sur mon canapé. Juste partager ce moment suspendu. Et m'exprimer.
"Comment fais-tu pour que je n'arrive pas à t'oublier c'est infernal R.32 !?", "Lors de ton dernier silence, quand tu m'as encore brisé le coeur, je t'ai dit que c'était la dernière fois", "Je ne veux pas être une copine avec qui tu échanges de temps en temps ", "Je vaux plus", "Tu m'as dit un jour que j'étais ton âme soeur rencontrée trop tard", "C'est toi qui est revenu me chercher pour que je ne quitte pas ta vie même si on ne couche plus ensemble", "Comment peux-tu penser à moi souvent et me donner signe de vie que tous les deux mois ?", "T'ai-je déjà trahi, trompé ? Non, alors pourquoi tu te réfreines avec moi ?", "On peut faire face ensemble à cette vie", "Je t'aime toujours mais je crois que je ne suis plus amoureuse de toi, j'en sais rien, si déçue", "Tu as réussi à perdre la seule personne qui t'aime vraiment pour qui tu es au fond de toi", "Je suis tombé amoureuse de toi en te sachant infidèle, égoïste, manipulateur, au passé sombre et en connaissant tes fantasmes sexuels osés", "Comment as-tu pu perdre ça ?", "Et merde, c'est fou comme je peux t'aimer, c'est injuste", "Toi et moi avons un énorme point commun, nous avons peur d'être heureux"...
Puis un câlin, long, pas assez long finalement. Cette étreinte, ces confidences sur l'amitié, la tentative d'amitié, sur la fidélité, l'illusion de sa fidélité, lui avouer que je pense qu'il craquera à nouveau car il ne sera jamais complètement heureux dans cette vie là, que ce n'est pas une fatalité mais la conséquence d'une vie qu'il essaye de se forger avec un chausse pied. Le voir dubitatif, comme un mal sombre qu'il doit bannir. Il a l'art de se punir, mais je serais mal placée pour le réprimander vu que je fais pareil... Puis je le voyais s'emballer à nouveau avec cet apaisement passager, l'entendre me dire qu'il voulait m'emmener dans tel ou tel restaurant, me faire découvrir ça et ça, reparler de ce week-end là etc... Et devoir lui rappeler la réalité, qu'il lui était désormais difficiles d'avoir des dispo. L'écouter acquiescer à regret, le sentir inquiet de l'avenir pour tout un tas de raisons qui ne regardent que lui et moi. Se lever, puis s’étreindre encore. M'entendre dire que dans ses bras je me sens toujours chez moi, que c'est incompréhensible et inexplicable, depuis notre première rencontre. Le sentir me serrer fort au point de me briser en deux, c'est sa façon de traduire ses sentiments. Avoir envie de me perdre en lui. Sentir ses lèvres se poser sur mon front pendant de longues secondes, plonger ses yeux dans les miens, vouloir arrêter le temps. Ne pas savoir ce que sera demain, me sentir forte et à moi de décider...
C'était il y a 1 mois. Aujourd'hui mon coeur fait à nouveau le yoyo, lui que j'avais guéri ces derniers mois, si fière d'être "une maîtresse qui s'en est sorti". N'avoir que R.32 ans dans mes rêves ces 8 derniers jours, nos corps, nos lèvres, nos âmes enlacées et rieuses de souvenirs, de nouveaux moments, d'orgasmes intenses, de complicité douce et mutine. Comme l'année dernière. Et cette putain de musique qui tourne en boucle et qui multiplie mes larmes en écrivant. Une incompréhension. Ce ne sera que passager, hormonal me dirons certains, je me connais suffisamment. J'ai appris à me relever. Il n'y a plus aucune illusion sur "nous" mais les petits moments de spleen ne se commandent pas. Saleté d'hiver provocatrice de câlins sous la couette et de rires autour d'un chocolat chaud, qui n'aide pas lorsqu'on n'est que "l'autre femme" des autres.
Parce que quoi que le reste du monde pense de nous, femmes de l'ombre, maîtresses de fantasmes intimes, confidentes tenues aux secret : notre cul reste solide mais notre coeur est bien plus fragile que la moyenne. C'est à la fois notre punition et notre amour pour vous, chers amants.
Comment vit-on après ces relations ? Certains y arrivent bien plus que d'autres. Ils ont été plusieurs à me marquer où je me suis posé cette question. Ce n'est que la première partie.
Bonne nuit à toi qui me lit. Je m'enfonce doucement sous la couette, éteignant cette impitoyable et sublime musique qui m'incite à me noyer dans une profonde tendresse imaginaire. Je vais m'endormir seule ce soir. D'habitude je le vis bien.
Il est 02h20 maintenant, Morphée vient vite me chercher, je t'attends...