D'aussi loin que je me souviennes, j'ai toujours voulu que quelqu'un me connaisse complètement. Peut-être que c'est celle part de mon jumeau ou de ma jumelle décédé.e prématurément dans le ventre de ma mère, qui me manque. Une personne qui me "complète", un double. Gamine, ado et même jeune adulte, j'ai reporté cette pression, cette envie, que dis-je ce besoin, sur mes amitiés. A en être étouffante. Sabrina, ma meilleure amie d'enfance, si un jour tu me lis ici, je comprends désormais et je m'en excuse.
Je me m'excuse pas de qui je suis mais de ne pas l'avoir compris ni su l'expliquer à l'époque. Cette révélation je l'ai comprise il y a quelques années par auto-analyse. Je n'ai jamais été patiente alors aller voir un psy 1 fois par mois pour m'aider à me comprendre et résoudre mes problèmes, ça n'a jamais pris sur moi. Et il en aurait fallu de l'investissement pour avoir un psy sur commande ,-) J'ai donc entrepris une auto-analyse. Pourquoi je volais quand j'étais adolescente, pourquoi j'étais obèse, pourquoi je parlais fort et beaucoup, pourquoi j'avais peur qu'on m'oublie, pourquoi j'essayais de plaire à tout le monde, pourquoi j'imaginais toujours des scènes de cinéma dans ma vie, pourquoi je voulais tant qu'on me connaisse par coeur...
Si chaque période de ma vie a apporté une réflexion pour comprendre qui j'étais, comment je fonctionnais et ce que je voulais, c'est bien à mes 30 ans, après m'être découverte libertine et en l'assumant que j'ai conservé cette envie, mieux qu'un besoin, que l'on me connaisse. Il est amusant de repenser à toutes ces personnes qui me disaient "toi, on te rencontre et en 1h on sait tout de toi et de ta vie". Quels naïfs tout de même de ne croire que je ne suis que ce que je raconte... Il n'est pas question de mensonges ni de carapace mais de subtilités. On annonce rarement aux premières discussions pourquoi on a mangé a grossir comme jamais pendant des années, pourquoi on parle autant et si fort à faire l'animatrice quoi qu'il arrive ou encore pourquoi parler de cul est si facile... Je ne cache pas mes douleurs, je ne les expose simplement pas dès les premières diatribes que j'affuble aux autres lors des soirées.
En creusant un peu plus, je me demande si on peut vraiment connaître quelqu'un qui fait le chemin d'apprendre à se connaître soi-même. Depuis notre enfance, on nous force à devoir nous connaître. Quel métier on veut faire ? Quelle formation ? Quel.le amoureux.se a t'on ? Quel est notre plat, couleur, habit, jouet préféré.e ? Que veut-on pour son anniversaire ou à Noël ? Quelles vacances aime t'on ? Qu'espère t'on d'un job ou d'une voiture ? Comment veut-on notre maison avant d'acheter ? Cela ne s'arrête jamais, choisir en permanence. Normal me direz-vous, "c'est la vie", il faut avancer. Pourtant, à quel moment nous donne t'on vraiment le temps de savoir avant de faire des choix ? Il parait que les voyages pendant les études ou après le diplôme, juste avant de "bosser pour de vrai", forment la jeunesse, qu'on apprend mieux. Oui, peut-être, je n'en sais rien en fait. Je pense que chacun a sa façon d'apprendre à se connaître. Chacun a sa période, son déclic aussi. Combien d'entre vous ont tout remis en question à une certaine période de vie : 20, 25, 30, 40 ans, mariage, divorce, naissance d'enfant, mort d'un proche, déménagement, burn-out etc... ?
Connaître quelqu'un c'est aussi accepter ce qu'on découvre. Je dis toujours que si on pose une question, il faut être prêt.e à entendre la réponse. De la séduction au mariage en passant par la vie "à deux" (ou plusieurs), la vie commune ou indépendante, des enfants ou au choix de ne pas en avoir, aux soirées sexe ou à l'absence de libido, aux soucis qui vous tombent dessus... Connaître quelqu'un n'est qu'une étape, ça ne fonctionne pas tout seul.
J'ai aimé découvrir les plaisirs de mon corps avec mes amant.e.s au delà de mes aprioris, de mes connaissances propres. Savoir que si tu me caresses de la pulpe de tes doigts en me parlant doucement à l'oreille me fait frissonner, que me caresser derrière le genoux me fait éclater de rire et m'excite, que mes tétons ne provoquent rien, que si tu vas directement entre mes cuisses je ne chaufferais que pour les apparences, qu'une voix grave peut m'exciter en quelques secondes, que j'aime incroyablement la pénétration, que l'anal est une question de situations, que passer la main dans mes cheveux me fait pétiller...
J'aime aussi savoir que tu es sensible quand je t'embrasse et que je te mordille la lèvre, que tu frissonnes sous mes ongles, que ma chaleur te donne encore plus envie de me prendre, que tu aimes que je soupires ou toi que je cries ou toi encore que je gémisses en me mordant les lèvres. Je sais que si je te souris en te fixant dans les yeux, tu fonds ou que toi tu adores mes rires même les plus idiots. Te connaître, vous connaître c'est savoir que si je passe ma main au creux de tes reins, tu trésailles, que ma langue, ma bouche et mes cheveux glissant sur mon visage ou à la poigne de ta main, décuple ton désir. Je sais aussi que tu aimes te coller instantanément à moi après, que toi tu aimes te mettre sur le dos et récupérer ton souffle, que toi tu veux rester en moi autant que possible, que tu me serres comme si j'allais partir, que tu veux boire juste après, que tu ne sais jamais quoi dire, que tu abordes un sujet classique pour casser le "post orgasme" ou encore que tu me claques les fesses. J'aime me souvenir que tu avais peur d'être infidèle et que tu as redemandé à m'embrasser quand on s'est dit au revoir pour la première fois, que je t'avais dit que je ne coucherais pas avec toi mais que tu aies compris mes envies, que tu me doives une bière, que tu m'appelles par ce petit nom propre à nous, que tu aies écrit de nombreux articles sur moi à l'époque, que tu te sois excusé, que tu aies toujours foi en moi même dans mes bas, que tu me ressembles tant parfois, que tu aies voulu aller à ce concert avec moi, que tu sois si expressif quand on couche ensemble, que tu m'aies toujours trouvée belle, que tu n'oublies jamais à quel point tu m'as fait souffrir, que tu mattes mes seins à chaque photo ou rencontre, qu'on se soit pardonné dans un sens, que tu aies fait ta vie sans moi finalement, que tu passes de l'agneau à la bête puis à nouveau à l'agneau, que tu sois aussi un.e ami.e et pas qu'un.e amant.e, que tu racontes du beau avec tes mots, que tu livres ta vie, que tu caches tes sourires, que tu sois toujours là...
Connaître c'est accepter ce que l'autre nous confie, nous laisse voir et éviter de deviner en se basant sur notre propre histoire. C'est apprendre, continuellement, comment on fonctionne. Sexuellement, amicalement, sentimentalement mais aussi professionnellement, psychiquement, érotiquement...
Alors quand tu me dis que tu me connais, je me demande toujours si tu sais vraiment ce que je suis puisque moi même, j'apprends encore. Mais j'aime que tu connaisses mes fleurs préférées, que tu te souviennes d'une anecdote qui compte pour moi, que tu penses à me donner un mouchoir quand on arrive à la fin d'un film car tu sais que je vais pleurer, que tu penses à m'attraper la main au cinéma parce que j'aime ça, que tu ne me proposes pas de baiser dans une rue avec du passage parce que tu sais que je trouve ça surfait et malaisant pour les passants, que tu n'essayes pas de me forcer à telle ou telle pratique parce que c'est juste fun, que tu penses à utiliser des jouets, que tu mettes spontanément de la musique car ça manque cruellement à ma vie parfois, que tu prennes des initiatives car tu sais que j'ai aussi besoin de ça, que tu me dises que je te manque parce que tu connais ma peur à ce sujet, que tu t'inquiète de mes silences, que tu continues de me dire ce que tu ressens que ça soit au lit, dans ton coeur ou simplement parce que tu as envie de tout et rien, que tu me confies ce qui t'as marqué quand tu étais gosse, pourquoi tu aimes cette chanson, pourquoi tu détestes les gens qui...
J'aime connaître ça de toi, de vous. Parce que lorsque vous vous découvrez, quand vous me laissez entrer un peu, d'une façon, je vous aime un peu aussi. Et j'espère que si mon jumeau ou ma jumelle n'est plus là pour me connaître autant que je l'aurais voulu ou que j'en avais besoin, le fait que vous soyez autant à me connaître, même un peu, ça me complète d'une certaine façon.
Merci à la "twittosphère libertine/libérée/érotique" que je fréquente depuis des années, avec toutes les rencontres réelles et virtuelles que j'ai faite, des amant.e.s aux ami.e.s en passant par les connaissances et les amours, d'être un peu mes jumeaux et jumelles. <3