Il a tout changé. Non sans mal je l'avoue. J'avais tellement de convictions, de fierté, d'idées, de certitudes... Et comme Zorro, il est arrivé sans se presser, pour bousculer désormais 15 ans de complaisances faciles et radicales sur la gente masculine.
C'était après avoir pleuré, après m'être senti trahie... Bien après tous les baisers des autres, leurs assauts, leurs caresses apaisantes, leurs câlins maladroits, leurs confessions intimes, leurs regards embrasés et leurs envies multiples... C'était aussi après avoir jeté la clé de cet organe que je voulais tant refermer, qui se brise parfois quand personne ne l'entend... Ce morceau passionné que ma mère a construit et que le temps a forgé parfois avec douleur ou gaité !
Je me souviens d'un regard précis, d'un gémissement salvateur, d'une sensation spéciale. Inconnue. Surprenante. Me sentir fondre entre ses doigts pour quelques instants incompréhensibles et totalement inexplicables, difficiles a réaliser pour cet ego renforcé... Contre lui, contre R. 32 ans, je me sens chez moi. C'était la première fois. Ça l'est toujours.
C'est étrange n'est ce pas ? La petite fille romantique élevée aux contes de fées a passé son adolescence a soutenir les autres, puis sa vie de jeune fille a se chercher, se découvrir, s'accepter... Pour comprendre qu'elle était atteinte du syndrome de Cendrillon a la recherche d'un Prince Charmant... Car nous en sommes toutes la finalement, a errer telles des princesses en mal de contes a lire, de belles fins a commenter, de personnages a deviner...
Devenue femme, mon univers n'a fait que me renforcer dans mes retranchements... Passionnée sans cheval pour m'évader, il aura fallu cette année la, cette fêlure supplémentaire et J. 40 ans, ce premier séducteur marié déclencheur de toute cette aventure pour que je me libère de tout ce qui me retenait, de mes peurs du corps, de ce mal-être physique, de briser mes chaînes de mirages et profiter. Profiter en tant que femme. Enfin. S'alléger de toutes contraintes au détriment de la morale la plus évidente, avec l'illusion de se faire pardonner d'être soi à coup de bonheur de quelques heures, d'élever mon image plus haut que ce pitoyable simulacre de personne, d'objet que je me considérais être dans sa vie intime. Mais sans vraiment faire tomber le masque, bien au contraire. Plaire enfin sans remords ? Mais à quel prix ?
C'est à coup de rencontres multiples que j'ai croisé sa différence a lui, mon R. 32 ans, sans y croire, le traitant même de gnian-gnian avant de le rencontrer, me lassant un peu déjà de sa prudence, en badigeonnant mon corps de toutes les jouissances que cette foule d'âmes solitaires en mal d'amour et de sexe passionné pouvait m'apporter. Son continuel besoin de découverte, finalement de passion et de nouvelle lumière a bousculé mon envie insaisissable de plaire et de me cacher. Messages après messages, noyés parfois dans d'interminables confessions d'autres visages, il a su ouvrir sans la clé cette chose que j'avais si bien cachée... Une évidence. Mon masque s'est brisé sous ses baisers, ses caresses, ses sourires, ses mots, ses insistances, ses surprises, ses envies, ses failles, ses orgasmes, ses échanges.
Cette histoire je vous la conte car la maîtresse que je suis est tombée amoureuse de son amant, de cet homme marié. Et lui, de moi. Une histoire impossible aujourd'hui qui a eu son lot de pleurs de cœurs serrés, de mots horribles a devoir prononcer, et de choix cruel a faire. Personne n'est infaillible. Le rencontrer, le fréquenter est probablement une n'es plus belles émotions de ma vie. Quelque soit cet avenir, son avenir, le mien. Puis cette envie de ne pas oublier, cette impossibilité d'être sans l'autre trop longtemps. Ce besoin. Ce manque évident.
Je me suis brûlé les ailes, lui aussi... Nous avons arrêté de réfléchir, du moins nous ne nous l'avouons pas j'imagine. Je ne veux aucun regret. Certains diront que c'est inconscient, d'autres que c'est immoral, d'aucuns parleront de libération... Moi je parlerais de besoin. Besoin de vivre ce bonheur incandescent qu'il a réveillé et que seul lui jusqu'alors me motive a entretenir. Que chaque peur et chaque blessure m'encourage a creuser cette brûlante envie de le surprendre et de l'aimer autant que sa position lui permet de me le prouver en silence.
C'est au delà du sexe, du fantasme, de la luxure et de la débauche.
C'est une confession, un moment humain que je partage sans pudeur, sans bouclier, sans masque dirait il.
C'est une confession de femme amoureuse, blessée, pleine de doutes mais vivante, si vivante. Un peu ou sûrement grâce a lui.
C'est la confession d'une maîtresse qui aime un homme marié. C'est la confession d'une femme qui aime un homme.
C'est ma confession. Ce sont mes mots. C'est moi. Mon âme au delà de mon cul.
Merci d'avoir lu.