Le coeur brisé...

Je leur ai toujours demandé pourquoi ils venaient me voir, quels étaient leurs "problèmes" avec Madame, leurs motivations à la tromper... Et je ne les ai jamais jugé. Je ne sais pas pourquoi. Un certain respect envers ceux qui sont aussi malheureux et seuls que moi peut-être, envers ceux qui ont viscéralement besoin de séduction, de plaire, de tendresse, de bonheur quelque soit sa forme, d'extase même pour quelques heures, d'exister sincèrement pour quelqu'un, d'être obsédé par quelqu'un.. En avoir la preuve par de nombreux messages, photos, baisers, caresses, orgasmes...

Je ne parle pas des queutards, pas de ceux qui disent "aimer les femmes", je parle de ceux que la morale a tracassé pendant des nuits, des jours, des semaines, des mois, voire des années. La culpabilité de vouloir tester ailleurs, goûter ailleurs, de ne plus trouver d'autre solution à la maison que de vouloir découvrir autre chose, sans faire de mal à celle qu'ils avaient épousée. Celle qui s'est un peu désintéressée d'eux, qui ne voit pas à quel point ça les travaille, celle qui ne se doute de rien, qui les aime sûrement mais ne le montre plus autant ou qui a évolué différemment d'eux au fil des années, qui ne les satisfait plus.

Chaque amant a compté. Pour être honnête, peut-être pas ceux du début, j'avoue avoir eu une période "boulimique" de fréquentation d'hommes mariés en m'inscrivant sur Gleeden la première fois. Je recherchais ces hommes en mal de tout, les célibataires rencontrés, fréquentés, n'étaient pas à la hauteur de ce que j'attendais comme folie, comme passion... Mon ego se glorifiait d'être l'échappatoire de ces hommes infidèles, leur solution, leur fantasme obsédant. Et un jour j'ai réalisé que le nombre n'égalait pas la qualité. Alors j'en ai vu moins, et ils ont commencé à compter. Je me souvenais de tout : leur prénom, leur job, leurs particularités, leurs envies, leurs mots, leurs caresses, leurs compétences, leurs baisers...

Et à cette période j'ai commencé à sincèrement me trouver. J'ai créé ce blog aussi, divan observateur de mes histoires de cul, de mes jouissances, de leurs profils... Alliant souvenirs et envies, mots et images, sexe et tendresse.

Et puis un jour, l'un d'entre eux a fait toute la différence. Moi, C. 30 an, séductrice et incomplète, est tombée amoureuse d'un de ses amants. Lui. R. 32 ans a été mon évidence, une lumière éblouissante, mon soleil dont il ne fallait pas trop que je m'approche. Mais toutes les personnes parmi vous qui sont tombés follement amoureuses, sauront qu'on n'y peut rien, on ne le contrôle pas, c'est un sentiment si puissant, galvanisant, inconditionnel et qui peut vous faire littéralement voler. Et moi c'était ma première fois. Et lui, cet homme marié depuis des années, est également tombé amoureux de moi. Aujourd'hui je prends la parole pour lui quelques instants et j'ose le crier : il était fou amoureux de moi. Et je pense qu'il l'est toujours.

J'ai pris le parti de jamais dévoiler notre intimité au-delà de notre cul, que nos moments restaient nos moments mais que je m'autorisais à parler de sexe, de fantasme avec lui, comme avec les autres. Je ne vous raconterais donc pas ce qui fut éventuellement possible entre nous ou absolument inimaginable, ça toucherait à son histoire, sa vie et il m'est impossible de vous en ouvrir la porte. Mais il se trouve qu'un événement a fait que ça n'a plus été possible entre nous, malgré un amour fort, des envies absolument dingues qu'il était si bon d'imaginer, de planifier. Si le temps nous aurait peut-être permis d'être ensemble un jour et qu'il change de situation pour moi, le destin nous en a empêché. Un coup dur pour moi... pour lui au début... puis finalement qui l'a rapproché de Madame. Une rupture insolente, extrême, parfois insoutenable.

Je vais vous avouer quelque chose : je n'ai jamais autant pleuré pour quelqu'un. Cet amour si dingue que j'ai rêvé toute ma vie de jeune fille élevée aux films et aux Disney, passionnée de communication et de livres, souvent excessive de sentiments qui pense que tout est possible si on le veut vraiment... Il était au-delà de tout ce que je pensais possible, même avec ses défauts.

Puis après des mois difficiles mais à devoir "avancer", même en véritable illusion car impossible de s'oublier, une absence, un manque évident. Un retour, de nouveau des câlins, des discussions, des rires, des orgasmes encore plus fous qu'avant, ne pas se poser de questions, éviter d'en poser aussi... Avec le recul, j'aurais du les poser plus tôt et lui ne pas être si lâche. Mais cet événement qui revient sur le tapis, qui se rapproche et rend encore cela de nouveau impossible, et l'incompréhension face à des échanges de "je t'aime" si forts, des preuves évidentes puis ces mots qui tombent. Il aime de nouveau sa femme.

C'est quelque chose que je ne connais pas, aimer deux personnes en même temps, est-ce vraiment possible ? Sur mon échelle de valeur, c'est du domaine de l'utopie, de l'impossible, moi qui aime sans retenue, sans complexe, j'ai tout donné : mon corps, mon coeur, mon cul, mon âme... Et il m'aime en retour. Comment pourrions nous survivre en étant séparés ? Comment comprendre le fait qu'il l'aime à nouveau ?

Mon amour profond pour la sociologie et les gens m'ont toujours poussé à les comprendre, à les aider. Sans être Mère Thérèsa, j'ai toujours voulu servir à quelque chose. Et ce point de caractère n'est pas passé inaperçu avec mes amants. En leur demandant pourquoi ils étaient avec moi, ce qu'ils recherchaient, j'ai joué les psychologues de comptoir, les analystes, les courriers du coeur en les conseillant, en leur expliquant, en leur donnant des idées. Dans le but de les voir heureux à nouveau, de trouver leur équilibre s'ils le souhaitaient. De cette façon, j'ai réconcilié des couples, c'est amusant quand j'y repense. Mon attachement à certains, les preuves que je leur donnais, le fait de les rassurer sur leurs valeurs, leurs qualités, les conseils de communication que je leur distribuais pour échanger avec Madame, se sont avérés utiles pour plusieurs. Et ce n'était pas grave s'ils me disaient qu'on arrêtait de se voir, c'était compréhensible. Pour certains, la forme a été la plus lâche possible et le message est très mal passé, j'aurais toujours une défiance et une certaine rancoeur envers eux, mais pour les autres, je me glorifiais d'avoir été utile. Amusant n'est-ce pas ?

Mais pour R. 32 ans, c'est différent. Mon amour est si intense, si fort, si honnête, que je souhaite qu'il soit heureux, même sans moi. On dit que seul le véritable amour permet ça. Peut-être que c'est vrai, ou que je suis simplement altruiste, ou naïve, allez savoir. Mais au-delà de ça, je voulais avoir égoïstement une part dans ce bonheur, dans son bonheur.

Vous qui me lisez, je sais que certain comprendront. Vous n'êtes pas tous ici QUE pour les récits érotiques. Vous cherchez aussi à comprendre ma position au-delà des fantasmes, pourquoi je m'expose, qui sont ces hommes, êtes-vous comme eux etc... Je sais que plusieurs sont tombés amoureux de l'interdit, de l'impossible. Que vous soyez l'homme ou la femme marié(e) ou au contraire, tout comme moi, l'autre femme. Et vous connaissez cette douleur, ce vide, cet abyss que l'on ne peut combler sans l'autre. L'impression de n'avoir été que le divertissement, de vous en vouloir à avoir rêvé de plus alors que vous étiez pourtant prévenue du contrat de départ. Ils ne quittent jamais leur femme dit-on... L'impression que ce n'est pas notre moment mais qu'il y en aura peut être un si c'est si fort, cette peur du timing manqué dans l'avenir. Et s'il est disponible un jour, s'il est prêt à la quitter pour moi... est-ce que MOI je serais disponible à ce moment là ? Que devrais-je faire ? Prendre le risque d'aimer à nouveau, de tout lâcher ? Et si on se trompait ? Et s'il revenait mais n'était jamais prêt ? Me contenterais-je d'être l'autre femme à vie ? Supporterais-je encore tant de pleurs ?

J'ai grandi avec la série Sex and the City en étant adolescente, étudiante. C'est une série qui, malgré de nombreuses mièvreries et commentaires que l'on pourraient lire, m'a appris énormément sur la sexualité des femmes, ma condition, mon émancipation, mon indépendance, et sur les hommes avant l'heure. Et je sais que je ne suis pas la seule. On dit qu'on a tous notre Mister Big, cet amour difficile, compliqué, celui qui vous rend heureuse et vous rend folle de chagrin, par une successions de déceptions, de mauvais timing, de complications... Et qui vous a pourtant fait voler plus haut de bonheur que n'importe qui ne l'avait jamais fait avant. C'est cet amour auquel vous comparerez tous les autres à venir. Celui qui sera toujours là, celui qui occupera toujours au moins un tiers ou la moitié de votre coeur quoi qu'il arrive. Et celui qui vous dira toujours à quel point vous lui avez manqué et combien il a pensé à vous lorsque vous n'étiez plus ensemble.

Cet amour est au-delà même du statut d'amant, vous n'êtes pas tombé amoureuse de lui parce qu'il était marié, mais parce que c'était lui. Une évidence. Une différence. Une succession de détails, d'importances, de rêves, de folies, de failles qui font que vous brûler les ailes comme Icare n'a jamais été une réelle peur puisqu'il n'y avait rien de plus beau que de s'offrir à lui. Comme vous avez eu l'illusion ou la confirmation qu'il s'offrait à vous, à sa mesure.

Aujourd'hui, mon coeur est brisé, cassé, je suis incomplète. C'est une douleur quasi insoutenable qui me fait écrire, vous raconter, me confier, oubliant presque que je voulais ce blog à la limite de l'érotisme, pour éviter de faire couler mes larmes encore une fois depuis des heures.

Aujourd'hui je me livre à vous, plus que mes récits sexuels, plus que mes envies, je vous livre mon coeur, parce que même les maîtresses peuvent avoir mal. Même si on se glorifie d'être des femmes fortes et indépendantes, des déesses du fantasme et de la disponibilité, que l'on vous targue sans cesse que l'on ne s'attachera pas, nous sommes humaines et nous avons nos failles aussi. Dans un sens, nous nous sacrifions pour vous, c'est la plus belle preuve de notre amour, de notre dévotion parfois. Mais nous ne sommes pas LE choix. L'avons nous vraiment été un jour malgré vos mots ?

Ce soir je l'avoue, j'aurais aimé qu'un homme me prenne dans ses bras, à défaut de l'avoir lui puisqu'il n'est plus là, puisqu'il m'abandonne, puisque c'est son choix. Ce soir j'aurais fait la liste de tous les hommes biens que je connaissais pour leur demander de s'endormir contre moi, celle qu'ils aiment un peu, peu importe la façon.

Ce soir je regrette d'être une maîtresse d'homme mariés. Ce soir j'aurais voulu être Madame. L'autre femme. L'officielle. Celle qui peut exiger du temps, un câlin sans explication, m'endormir contre lui, là où je me sens chez moi.

Ce soir je pleure. Et ne me dites pas que ça va passer.

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