Lettre à R. 32 ans...

C'est fou comme j'ai essayé de t'oublier. Et ton comportement d'égoïste/lâche de ces derniers mois m'y a beaucoup aidé, je l'avoue. Et pourtant il n'y a pas deux jours consécutifs où je ne pense pas à toi. Un vêtement, une phrase, une fête, une blague, une nationalité, un endroit, un plat/restaurant, un article de journal, une chanson, un homme croisé dans la rue...

Cela m'aura pris plus de 2 mois de ton silence absolu sans aucune explication pour enfin écrire cette lettre que tu ne liras sûrement jamais. Je ne sais même pas si tu es vivant, dans le coma, amnésique ou simplement l'homme qui a décidé de couper toute communication du jour au lendemain pour la énième fois en 2 ans et demi que l'on se connait. Après tout, cela n'arrive pas que dans les films n'est-ce pas ? J'ai tout imaginé de dramatique, pour t'excuser et pour me convaincre que ton comportement ne POUVAIT PAS être volontaire.

Et pourtant, plus le temps passe et moins j'ai envie d'appeler à ton travail pour savoir si tu réponds, pour m'assurer que je n'en veux pas à quelqu'un qui est dans le coma ou je ne sais quoi... Peut-être que c'est plus facile d'essayer de t'oublier en ne sachant pas complètement. Après tout, s'il t'était arrivé quelque chose, je ne pourrais même pas me rendre à ton chevet. En qualité de qui... Une amie ? Comment justifier auprès de ta femme. Une "cliente" ? Comment justifier que je m'implique autant. Une amante ? Je suis sûre que ta femme adorerait l'idée ! Une amoureuse ? Le suis-je encore, je n'en sais rien. Et si tu allais bien, si tu continuais de mener ta vie en m'ayant totalement rayée de la carte, pourrais-je supporter de te détester sans te faire le même mal en retour ? Dilemme... Alors je resterai dans l'ignorance.

Qu'est ce que tu m'as rendu heureuse. C'est incroyable ces moments que nous avons vécu toi et moi. Cela restera gravé dans ma mémoire, d'ailleurs tu es même gravé dans ma peau dans un sens. Mais je regrette désormais que ton souvenir soit associé à plus de mal que de bien. Tant de souffrance à me faire subir pour toi, l'homme en pleine dualité à ne pas savoir ce qu'il voulait. Ou plutôt à ne pas assumer. Comment as-tu pu ? Etait-ce si difficile de maintenir la balance ?

Un jour je t'ai dit que je ne parlerai plus de toi ici pour te prouver que tu étais bien différent des "autres", je me souviens, c'était dans mon article d'adieu. Cela a déclenché un renouveau d'amour et tu es revenu vers moi, redevenu mon amant, mon ami. Plus de conversations, plus proches. Parfois un peu trop à me raconter tes histoires difficiles de couple/famille et pourtant à me cacher les confidences essentielles qui auraient justifié que je sois encore et toujours "ta bulle d'oxygène", ton jardin secret. Tu n'as pas toujours tout compris à la communication mon amour. Je ne t'ai que trop pardonné sous prétexte que je te voyais faire des efforts. Mais pas suffisants. Loin d'être suffisants. J'ai eu la faiblesse de te dire que tout était ok, de m'en contenter. Alors que non. C'est aussi en partie ma faute.

Tu es le premier, le tout premier dans ma vie de jeune trentenaire, a m'avoir fait comprendre que je méritais que l'on fasse énormément d'efforts pour moi, même en infidèle, que l'on prenne du temps, voire des risques pour moi. Une main tenue dans la rue, un baiser en public, des regards qui en disent longs, des rendez-vous trouvés régulièrement, des surprises, des moments suspendus. Toi qui ne voulait pas qu'une "maîtresse" ou une "amante" mais bien la "girlfriend experience". Ces moments de cinéma. Je n'oublierai jamais tout cela.

Mais tu es aussi le premier à m'avoir fait réaliser l'égoïsme d'un infidèle amoureux. Devoir te comprendre en permanence car moins de temps, d'autres priorités... Après m'avoir inondée de messages, d'attentions, du plus beau et du plus intense, d'amour et de sentiments, de sexe complètement alchimique... Tu m'en a privé au fur et à mesure pour choisir ta vie de famille. Je me souviens de ta phrase décousue un jour "donc quoi, je dois tout abandonner parce que tu m'as fait découvrir le monde libertin et que j'aime ça avec toi ?".. Cette phrase m'a fait mal, comme si tout abandonner était ma requête, comme si je n'étais que ça, comme si nous serions capable d'être vraiment libertins, toi qui a demandé à un couple de voyeurs de dégager quand nous étions au sauna car tu préférais me garder que pour toi. Risible non ;-)

L'abandon a été cruel et difficile mais "that's life" comme on m'a dit si souvent. Ou alors "qu'attendais-tu avec un infidèle ?"... Comme si tu n'étais réduit qu'à ton statut. Je n'ai pas écouté ces proches. Moi je savais pourquoi tu faisais ce choix. Et je l'ai respecté malgré tout. Je pense que l'on aurait pu continuer notre histoire d'amour, de complicité, de sexe, même avec tes choix. Le travail se serait fait à deux car tu aurais compris que tu n'es jamais seul dans l'histoire, mais tu n'étais pas sûr, pas prêt, pas confiant.

Cependant, le plus dur à subir ont été tes insouciances, tes doutes, tes retours. Revenir tous les 3 mois vers moi, me teaser, me re-séduire, m'embrasser, me tenir la main, me parler de tout, me sourire comme au début, me regarder avec envie, me faire culpabiliser d'en voir d'autres, recoucher avec moi, réaliser un nouveau fantasme avec moi, vouloir rester le meilleur de mes amants et le plus présent par égo de ne pas se faire déclasser dans mon coeur ou dans mon lit, promettre encore et encore du temps et des sentiments sans arriver à le concrétiser, me vouloir dans ta vie no matter what, puis redevenir silencieux par priorité, me reléguer en 3e ou 4e position de ta liste de tâches à faire, me dire "désolée j'ai merdé, j'ai lu tes sms tristes mais je n'ai pas répondu", oser me le dire, sans excuse, sans justification. J'aurai déjà du me douter que tu allais me briser le coeur une troisième fois, mais que veux-tu, je n'ai jamais vraiment cessé de t'aimer...

Aujourd'hui j'en suis souvent à espérer de ne pas avoir de tes nouvelles. Quel genre de sms pourrais-tu envoyer après tant d’échecs, tant de silence, tant de cruauté ? Qu'écrit-on dans ces cas là et surtout comment répondre ? Puisque tu n’appelleras jamais. Puisque tu ne passeras jamais chez moi. Et pourtant une dernière partie de mon coeur, celle que tu as laissé vide, si vide, crie de renouer le contact, de tenter, de laisser la porte ouverte...

J'ai fait un rêve il y a quelques nuits, et comme tu le sais, je me souviens parfaitement de mes rêves. Tu revenais dans ma vie. Une nouvelle fois. Tu sonnais chez moi. C'était dans plusieurs mois, peut-être années, je ne me souviens plus très bien de ce détails. Tu me voulais à nouveau, tu étais malheureux. "Content" de ton choix, c'était la meilleure chose à faire pour une vie carrée, logique et familiale avec celle qui t'as donné ta chance il y a 15 ans et qui t'as offert une vie de famille complète et complexe en si peu de temps, mais la partie de toi que tu ne montres à personne d'autre, se lassait. Pire, elle bouillonnait et tu ne pouvais plus l'ignorer, car c'est effectivement une partie de ce que tu es. Tu avais besoin de ressentir à nouveau, vibrer pour ne pas devenir fou, d'échanger, de toucher, de combiner des esprits, des corps et des coeurs... Tu commençais à grandir et à comprendre qui tu étais, pas une seule face mais bien plusieurs personnalités, tu acceptais enfin cela sans te flageller d'une fatalité non linéaire que la société impose. Je t'ai écouté parler. Je t'ai écouté t'excuser en boucle d'avoir été un sombre connard, d'avoir été celui qui m'a fait le plus de mal dans ma vie. Je t'ai écouté regretter tant de choses et d'assumer tant de choix aussi. Je t'ai vu tenter d'évoluer et de voir les choses honnêtement. Je t'ai écouté, je n'ai fait que ça jusqu'à ce qu'il y ai un silence. Un silence en noir et blanc. Moi qui rêve en couleurs, c'est amusant.
- "Si tu me veux, il n'y a qu'une seule possibilité. On repart de zéro. Tu dois me re-séduire et surtout gagner ma confiance que tu as entièrement perdue."
Je me souviens de ton regard. Tu ne t'attendais pas à ça. Pas à ce que je ne cède pas. Toi qui a toujours réussi à tout obtenir de moi in fine.
- "Prends beaucoup de temps pour moi, séduis-moi, drague-moi, aime-moi, surprends-moi, baise-moi, suis tes promesses et tes ambitions. Traite-moi comme à notre première rencontre, respecte moi et fais moi une vraie place. Considère moi comme je le mérite, comme tu me l'as si souvent répété. Je ne te demande pas ta main ni de choisir entre elle/eux et moi, juste de comprendre le principe d'avoir quelqu'un de plus dans ta vie, comme tu me veux et m'as toujours voulue. Un genre de poly-amour infidèle en quelque sorte. Je te demande de lire et intégrer ce qui est dit dans cet article sur la situation d'une amante, d'une amoureuse "secondaire". Là on verra si tu es à nouveau à la hauteur, si tu peux redevenir l'homme que j'ai aimé. Car toi et moi savons que tu ne sais pas être "qu'un amant" peu impliqué. Là je serai prête à tout te donner à nouveau, tout ce que tu as aimé chez moi, de ma passion à ma sensibilité."

Je t'ai lancé un défi, inconditionnel. Immuable. Tu t'es levé, m'a serré contre toi avec force comme quand tu ne veux pas me perdre. Tu m'as regardé comme quand tu as peur. Tu m'as embrassé comme quand tu m'aimes. Et je me suis réveillée.

Mon rêve, mon avenir, resteront sans réponse.

Aujourd'hui tu as réussi à perdre mon amour, je ne pensais même pas que cela serait possible. Un ami m'a dit hier qu'une partie de lui aimerait toujours ses ex, malgré le mal qu'ils ont pu se faire. Je suis d'accord avec lui. Une partie de moi t'aimera toujours, c'est indéniable et c'est aussi difficile à contenir sans perdre la tête. Certains jours sont plus faciles que d'autres. Mais tu laisseras toujours une trace, un trou, une blessure que je te dois à vie.

Alors c'est avec cette photo de gourmandise rien qu'à nous que j'illustrerai cet article, à défaut d'une photo de nous, heureux et s'embrassant, que je ne peux garder que dans mon album.

- Moi -

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