Je crois que c'est avec ces mots de mon roman préféré de Viriginie Despentes que je peux le mieux qualifier en toute bienveillance, compliment et gentillesse ce qu'a représenté la découverte du Festival Erosphère cet été. "Le tordu des autres", le conventionnel que le reste du monde juge différent...
Assistante de mon effeuilleuse burlesque préférée, j'ai pu profiter des ateliers mais surtout des rencontres et de l'ambiance d'Erosphère pendant une journée. L'intrigue était déjà là depuis ma rencontre avec le "Bon Docteur Maître Senzo Mato" (BDSM) lors de l'émission spéciale du 12 février chez Sud Radio. Erotisme ? SM ? Curiosité ? Sensualité ? Plaisirs différents ? Animalité ? Spiritualité ? Ce festival promettait la découverte d'un univers bienveillant ouvert aux moins conventionnels d'entre nous. Bien autre chose que le vulgaire salon de l'érotisme qui reste une immense blague, relativement sympathique et émoustillant pour les moldus. J'aimais cette idée d'élitisme par la bienveillance.
Ainsi j'ai croisé tout naturellement un Monsieur Loyal avec du vernis sur les pieds, un homme en robe mauve, une femme qui ronronne mieux qu'un chat, des transexuels assumés, des hétéros ouverts, des gens qui s'embrassent naturellement sans choc, des cours de strip tease où tous les corps finissent à poil sans aucun complexe, des cours de méditation où "se mettre à l'aise" ne pose aucun problème de nudité, de sous-vêtements, de laisser-aller à s'endormir... J'ai pu assister à des discours engageant le mot "safe", "transgenres" avec prudence et honnêteté. J'ai mangé une pomme dans les loges où je me suis changée sans me cacher d'aucun regard.
Un érotisme ambiant, une sensualité des corps de toutes formes, de toutes couleurs, de toutes orientations. Sans tourner à la partouze générale et même si j'y ai senti un esprit "peace & love" des années hippies, c'était un orgasme permanent de se balader auprès de ces gens. Aucun faux pas, tolérance ouverte à 2000%. Et pourtant j'ai fait attention à chaque pas, à chaque regard. Pour ne pas vexer l'homme athlétique aux cheveux longs et aux ongles mieux manucurés que les miens que je n'ai pas l'habitude de croiser dans la rue, à ne pas choquer par mon eclipse du cours de méditation sur les chacras qui n'était pas fait pour mon manque de calme permanent, pour ne pas étonner lorsque je dragouillais un des hommes du cours de strip tease alors qu'il était gay...
Je n'ai pu réprimer cette douce chaleur entre mes cuisses à voir les gens déambuler avec aisance, à voir cet érotisme incroyable se dégager de chaque personne, homme, femme, transgenre, essayant de se séduire dans le miroir pour le cours d'effeuillage. Chaque regard intense, chaque vêtement soulevé, chaque démarche chaloupée, chaque tissu enlevé... et ces quelques baisers échangés entre les couples... Mon dieu que c'était bon de voir tant de corps dans cette ambiance qui paraissait ni normale et si peu normée à la fois.
Je n'ai pu réprimer mes fantasmes à l'idée de voir ce cher Maître Senzo se mettre à l'aise pour vivre et ressentir intensément le cours de méditation. La voix, l'implication, le corps nu et simple de l'homme qui domine habituellement, qui durcit... Tant d'idées me sont passées en tête. Tant d'envies de caresses douces et simples. Pendant un instant j'ai revu l'ambiance bienveillante que j'ai pu ressentir dans notre "groupe" à l'apéro libertin et à l'after au sauna. Ces mains que l'on a envie de balader, ces corps vivants, sexuels sans acte charnels...
Nul doute que j'y retournerai l'année prochaine, accompagnée si possible, pour faire vivre cette expérience et ces ateliers d'ouvertures d'esprits, de découvertes sensuelles et originales, à un amant, à un amour, à une complice. Erosphère, tu m'as érotisée au plus intense de mon esprit et de mes fantasmes. Merci...