"Certaines choses entre nous sont intimes, je n'aime pas trop que tu les partagent". Il n'est pas le premier à me faire la remarque. Il est même le troisième pour être exact. Et dans ces cas là, je suis partagée entre la culpabilité et la colère. L'envie de mettre les choses au clair se profile alors, comme pour rappeler gentillement qui est dans quelles situations mais aussi comment ils m'ont connue, comment ils m'ont voulue.
Lorsque j'ai créé ce blog, mon objectif était surtout de parler, démontrer, partager la situation des "maîtresses", des amantes d'hommes peu disponibles mais aussi de parler d'eux. Ne pas juger avant de casser les idées reçues, voir les subtilités des profils, réaliser que nous sommes tous des humains avec nos blessures, envies, passés, fantasmes, besoins... Partager tout cela, bien plus que créer un simple support exutoire que j'aurai pu faire autrement sans autant m'exposer. J'ai pris ce risque, j'ai fait ce choix. Me connaître, me fréquenter en tant qu'infidèle ou libertin, c'est participer au vécu de "l'autre femme", bien évidemment. Deal with it !
Mais si tous mes amants ne connaissent pas ce blog/twitter, ceux qui comptent le plus, ceux qui ont été marquants, ceux qui se sont impliqués dans ma vie, sont au courant. Plusieurs d'entre eux le lisent d'ailleurs. D'autres sont carrément sur Twitter également. Et si les articles sur les orgasmes multiples, fantasmes et autres performances sexuelles, flattent l'égo de ceux qui sont cités ou croient se reconnaître, voire génèrent des encouragements à continuer de les citer... le combat n'est pas le même lorsque je parle de sentiments, de spleen, de mauvaises passes, de douleurs, de disputes.
Ils ont été plusieurs à ne pas toujours apprécier que je partage l'intime. Comprenez que l'intime, entre amants adultères, n'est en rien relatif au cul, sexe, positions etc... mais bien à ce qui touche le coeur. Amusant de soulever ça lorsque je me souviens des commentaires sur l'émission TV dans laquelle j'étais passée, qui me qualifiaient de salope et autres joyeusetés sous prétexte que j'exposais "l'intime" (le plaisir féminin, le sexe libre) à la caméra devant un public ;-) Pourtant, partager aussi les mots doux que l'on reçoit, les preuves d'amour ou de sentiments, montrent aussi que nous ne sommes pas, nous maîtresses célibataires, valons parfois bien plus que ce que le monde nous accorde. Ne pas partager que le cul. Ne pas partager que les bobos. Expliciter ce que nous, ce que je peux provoquer. Prouver aux autres mais surtout, surtout, être fière, si fière que l'on puisse nous aimer. Chose qu'il est encore difficile à croire à chaque blessure supplémentaire. Et espérer que l'auree comprenne ce besoin de partager. Souvent en vain...
Lorsque je fais des articles moins érotiques et plus personnels, mes amants les plus attachés, ressentent souvent les maux ou la réflexion nécessaire partagés dans mon texte. Certains m'en parlent, d'autres non. Certains se sentent coupables un peu d'avoir fait naître des sentiments chez moi et autant d'attentions, quand ils ne peuvent pas me donner plus. Se dire sûrement qu'en tant que "maîtresse", puisque l'on connait le schéma dès le départ, on sera blindée contre tout. Erreur... Cela les renvoient aussi parfois à leur propre culpabilité d'infidèle, mais ne jouons pas les psy de comptoirs ;-) D'autres sont gênés de ne pas savoir quoi faire, comment me "soulager", tentent l'humour maladroit ou disparaissent en attendant que ça passe. Car finalement, ça passe toujours. Et enfin, les derniers sont en colère. Maîtrisée bien évidemment. Mais ils se sentent un peu trahis, oui oui. Car ce qu'ils m'ont dit, des sentiments partagés aux confessions d'amour ou d'attachement profond, sont de l'ordre "de l'intime".
Et si on les reconnaissaient ? Et si on les jugeaient ? Et si on posait des questions ? Et si on comprenait ce qui s'est passé ce soir là ? Et si je m'en faisait des films ? Et si... Et si... Je ne sais pas toujours ce qui se passe dans leur tête quand ils me font part de leur "ennui".
Pourtant j'aime à rappeler que si moi j'encaisse les règles du jeu, il faut savoir jouer le jeu aussi de l'autre côté. MES règles du jeu car bien évidemment toutes les amantes n'ont pas de blog ou de comptes twitter. Toutes ne partagent pas en public. Mais sachez que c'est notre besoin de partager. Aux amies alors. En anonyme ailleurs. Il y aura toujours un moyen. Moi j'ai choisi de le faire en pleine lumière, dans l'espoir peut-être vain mais souvent confirmé par les nombreux témoignages reçus, que je ne suis pas la seule à vivre cela, que je ne suis pas la seule à me poser des questions, que je ne suis pas la seule à ressentir, éprouver, questionner. Sans jouer les Mère Thérèsa, partager aussi les maux de l'autre femme, permet à d'autres personnes de se rassurer. Ils ne sont pas seuls. Et ça, ce sont les nombreux mails et messages privés reçus en 3 ans qui me le font dire...
Cela permet aussi de montrer les variantes de situations entre amants. J'ai vécu de nombreuses situations : des coups d'un soir, des relations occasionnelles, des amants amoureux, des sentimentaux détachés... Ce sont les situations les plus "faciles" à comprendre finalement. Un amant te baise et part (coup d'un soir), un amant t'appelle quand il a du temps et envie, te demande si tu veux, tu dis oui et à la prochaine (occasionnel), un amant marié tombe amoureux de toi, tu développes des sentiments aussi mais il ne quittera jamais sa femme ou tu ne te vois pas avec lui (amoureux), un amant s'attache à toi plus que de raison, peut-être pas amoureux à proprement parlé mais il le dit, il le vit, tu es la complice et bien plus... Et puis il y a des situations qui ne rentrent pas dans des cases. Des amants qui agissent comme s'ils étaient amoureux mais refusent ces mots ou ces sentiments. Des amants qui ne sont pas souvent là mais qui t'appellent automatiquement quand ils ont besoin d'une personne de confiance. Des amants qui ont besoin de guérir, des amants qui ont besoin de TE guérir, des amants qui deviennent des amis, des amants pour qui tu comptes autant que Madame ou plus, des amants qui se comportent comme des enflures sans aucun respect et reviennent la bouche en coeur des années plus tard...
Bien sûr qu'expliquer tout ça me permet aussi d'avoir un exutoire. Bien sûr qu'il y a des objectifs personnels aussi. Mais comment ne pas vouloir parler d'eux dans toutes leurs profondeurs, de parler de moi ou de femmes comme moi dans toute leur complexité, de parler de nos relations toutes différentes les unes que les autres... ? Comment résister à exposer au monde ce que tout le monde cache ? Oui c'est intime mais pour moi c'est nécessaire, presque une évidence.