Un soir, quand j'ai été dominiatrice

"Faites ce que vous voulez de moi Maîtresse". Il fut une époque, au début de mes aventures, où je voulais le pouvoir coûte que coûte. Je confondais alors avoir du caractère, être dominante et ce nouveau terme appris : Domina. Novice et pourtant si persuadée de savoir. Avec le recul, je le referais de la même façon mais le vivrait différemment dans mes sensations, dans mon égo, dans mon corps aussi.

Aujourd'hui je sais ce que mon regard peut provoquer, de l'inquiétude à la passion.
Aujourd'hui je sais que ma voix peut se moduler de façon intelligente.
Aujourd'hui je sais ce qu'est une certaine forme de douleur et pourrait aller plus loin.
Aujourd'hui j'ai un corps que j'ai apprivoisé pour le plaisir de nous deux.
Aujourd'hui j'ai tellement eu de blessures que je ne sais que trop quels jeux mettre en place.

Nous ne nous sommes vus qu'une fois, après avoir échangé plusieurs fois sur Gleeden à l'époque. Il a aimé mes mots, mon intelligence, ma façon de voir les choses, ma certitude et ma liberté. Le rendez-vous était donné. Je le dominerai. Il passerait la porte et tout changera.

Une histoire jamais racontée, par manque d'occasion, par manque d'importance au fur et à mesure de ma vie, de mes évolutions. Une histoire pourtant qui remonte aujourd'hui plus que jamais parce que je n'ai jamais autant eu envie d'être "dominée" à mon tour, prête à faire confiance, prête à jouer, prête à switcher avec des amants de confiance.

Il a sonné à 19h15, exactement l'heure que j'avais demandé. J'ai su après qu'il était derrière la porte depuis 20 minutes à attendre dans les escaliers. Il n'avait pas le droit de parler mis à part "Bonjour Maîtresse". Absolument aucun mot. Nous étions des inconnus et il me faisait confiance pour s'abandonner, pour un scénario, pour le dominer, le contrôler. Je m'étonnais de cette si grande frustration, de ce besoin si intense pour s'abandonner à une inconnue qu'il pensait compétente par quelques échanges. J'admirais aussi cette espèce d'inconscience ou alors de lâcher prise dont j'étais absolument incapable.

J'étais habillée de mon corset en cuir, dur et sexy à la fois. Une jupe noire. Des talons. Les cheveux relevés. Aucun bijou mis à part un bracelet en cuir à mes poignets. J'avais l'impression de tout maîtriser, même mes talons absolument infernales à porter sur le parquet. Le décorum était posé.

- "Pose tes affaires au pied du canapé". Il s'exécuta, le regard brillant puis les yeux baissés.
- "Déshabille toi, ce n'est pas moi qui vais le faire. Et ne me quitte pas du regard quand tu le fais. A chaque fois que tu détourneras les yeux, je me fâcherai".

Mon rôle. Le rôle. Un jeu pour moi, un frisson incroyable pour lui. Ne pas rire. Croire en ce qu'on fait. Endosser ce qu'on a au fond de soit pour voir, pour tester si on est à la hauteur. Attraper la petite cravache maladroitement achetée au sexshop quelques jours avant, sans vraiment savoir comment s'en servir. Avoir testé sur sa propre cuisse pour mesurer les mouvements et le coup de poignet. 

Il était en train de se déshabiller sans me lâcher des yeux. Puis d'un seul coup, baisser les yeux pour retirer ses chaussures. "UN !" m'écriais-je. Je le fis sursauter ! Il voulu s'asseoir sur le canapé, commença a plier les genoux... "Tututut ! Reste debout.". Ses yeux ne me quittaient pas, il se redressa, enlevant maladroitement ses chaussures à lacets, avec un sourire en coin pour ne pas masquer son plaisir d'obéir. Il me dira plus tard qu'il a trouvé ce moment électrisant et mon rôle délicieusement bien crédible.
"DEUX !". Cette fois-ci il l'avait fait exprès. Je saisissais ma cravache et lui fis signe de se retourner. Son dos et son cul offert, immobile, je lui donnais deux coups très modérés sur la cuisse et sur la fesse droite. Il tressaillait. Il aimait.

Puis je le pris par la main et l'amena dans la chambre. Nu. Sur le lit j'avais un foulard pour les yeux et un foulard pour attacher ses mains. Je lui dis de s'asseoir, face à moi. Ses yeux étaient au niveau de ma poitrine habillée de mon corset. Je le voyais bander. Je nouais le foulard autour de ses poignets, puis le laissais me regarder une dernière fois. Je tournais sur moi-même pour qu'il ne manque pas la vue, puis prenant son doigt pour le mettre dans ma bouche...

- "Et ça, tu aimes ?"
- "Oh oui j'adore !!" dit-il en bandant encore plus dur, ses mains attachées au dessus de son sexe.
- "OUI QUI ?"
- "Oui ma Maîtresse"

Nous avons continué de jouer ce "cliché" de scénario pendant plus d'une heure. J'alternais les ordres et les punitions. Lui faisant parfois exprès de me "fâcher". Il n'a jamais pu me toucher mais je ne me suis pas privée de le caresser à le frustrer. Pendant près de 10 minutes je l'ai masturbé en lui interdisant de jouir où cela arrêterait toute l'expérience. C'est incroyable comme on peut se concentrer et se retenir si le jeu en vaut la chandelle. Il tint bon. Cela m'avait beaucoup surprise. Je me souviens encore de son gland écarlate, de ses gémissements de plaisir et presque de douleur je pense. Je n'étais pas sortie de mon rôle, mais je faisais quelques vérifications de temps en temps tout de même : "Tu penses résister ?". "Oh oui ma Maîtresse, pour vous". OK.

Une fois très bandant, je me caressais devant lui, puis utilisais un vibro sur mon clitoris et accentuais mes gémissements volontairement. L'art de la simulation donne parfois encore plus envie et se mêle au réel plaisir. Jouissant devant lui, j'ai vu ses yeux se baisser. Il savait que c'était bientôt fini.

- "Tu veux jouir ?"
- "Oui Maîtresse, dites-moi comment et j'obéis"
- "Retourne toi à quatre pattes. En levrette. Appuie-toi sur la main gauche et masturbe toi avec ma nuisette sur le lit et ta main droite. Gicle dessus."

Je vis une lueur de plaisir dans son regard. Il ne mit que quelques secondes à jouir dans un râle discret. "Oh merci ma Maîtresse, c'était douloureux mais bon".

Je lui donnais un dernier coup de cravache sur les fesses au moment où il jouissait puis je le laissais se rhabiller. Raccompagné à la porte, il me faisait la bise avec un grand sourire. Nous n'échangerons désormais plus que par messages.

Une expérience.

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