J'ai eu bien des rôles. Maîtresse, amoureuse, amante, dominatrice, pseudo soumise, objet de fantasmes, pseudo petite-amie, amie, confidente, passe-temps...
J'ai été indispensable et je suis devenue inutile pour certains. Bloquée de tous les réseaux possibles et imaginables du jour au lendemain par contrainte de Madame, par peur, par manque de respect.
On m'envoyait des messages tous les jours, on me voyait chaque semaine, on ne se passait pas de moi. Au centre de presque tout. Comme une évidence. Comme celle qui guérit tout. Comme celle qui comprend tout. Comme celle qui assouvit tout. Une drogue, un besoin, un plaisir, une compagnie indispensable.
Ils m'ont désirée, érigée, dévorée, utilisée, peut-être même adoré mais m'ont-ils vraiment aimée pour certains. Moi qui ai encore tout donné, de mon corps à mon âme pour chaque moment passé entre leurs bras, contre leur corps, sous leurs mots. Parfois j'ai même donné un bout de mon coeur, un attachement que je ne m'autorisais pas normalement. Et pour un autre, j'ai donné mon coeur entier sans limite.
Mais à chaque nouvelle croyance, à chaque nouveau discours plus convaincant que l'ancien, je me fais violence à baisser ma garde un peu plus, je crois redonner une chance et réalise encore une fois à quel point je peux être remplaçable, effaçable. Au grès d'un emploi du temps chargé, d'une vie de famille plus prenante, d'une épouse sectaire, d'un homme lâche, d'un fantasme assouvi...
De plus en plus d'amis ou de connaissances sont au courant de cette vie que j'ai "choisie" et me disent bien sûrs d'eux et avec une impudence incroyable que je l'ai bien cherché, qu'il n'y a rien à attendre de "ces hommes". Infidèles, libertins, poly-amoureux... Tous sont montrés du doigt comme n'étant pas normaux ou fiables. Comme s'ils les connaissaient, comme s'ils s'y intéressaient vraiment au delà des idées reçues. Leurs avis sont peut-être sages pour me protéger mais aucun n'a de légitimité car ils jugent tous. Ils condamnent sans chercher à connaître. Mon esprit a voulu comprendre, sinon je ne parlerais pas d'eux ici aussi souvent. Et pourtant, qu'est-ce qu'une célibataire comme moi pourrait espérer d'autre qu'être la simple distraction d'un peu de temps libre qu'ils s'octroient enfin ? A oui c'est vrai, tu détestes quand je me traite de divertissement ou de distraction... Et pourtant, c'est bien comme cela que tu me traites.
"Trouve un célibataire, y'en a plein"... Si seulement c'était si simple. Mais ça, c'est un autre débat.
Certaines histoires se déroulent bien, certaines dans le profond respect, dans la tendresse ou l'amour au-delà de la luxure. Certaines changent des vies... Mes parents en sont la preuve, d'autres aussi. Je me refuse à la fatalité. Pourquoi n'ai-je pas le droit de croire que la personne vraiment superbe que je suis et dont on me qualifie souvent, ne pouvait pas avoir droit à cela ? Au respect. Voire même qui sait, à l'amour, même si ce n'est pas mon but ici. Est-ce si mal de croire ?
Moi j'y ai cru. Mon attachement tendre s'est fait dès J. 40 ans, le premier, l'initiateur. Comment imaginer qu'un an plus tard, celui qui a déclenché tout ça, qui m'a séduite sans complexe avec acharnement pendant des semaines, qui m'a promis des moments incroyables, me virera de sa vie sous le simple mot de Madame. Sans remord, sans complexe, sans respect. M'effacer était si facile...
Je ne compte plus les "nouvelles chances" données à R. 32 ans de rester dans sa vie malgré des situations de plus en plus compliquées. Celui à qui j'ai tout donné a désormais épuisé mon capital sympathie. Comment peut-on ignorer une femme qu'on aime de tout son coeur et qu'on est revenu chercher 4 à 5 fois en 2 ans pendant des semaines sans même un seul petit message, sous couvert d'une vie chargée et de problèmes familiaux. M'ignorer est si facile...
C. 40 ans aussi a eu une place particulière. Oh oui. Fou amoureux qu'il disait. Mais si complexe, si émotif, si blessé... Dieu qu'il m'a fait du bien au début. Celui qui disait que j'étais ce que tout homme pouvait rêver, à qui j'ai apporté tellement... Que de mots, de déclarations. Je n'étais pas équipée pour panser mes propres blessures et le guérir aussi. Surtout avec son comportement final, surtout avec tant de haine dans ses mots. Me détester était si facile...
Et aujourd'hui, ces hommes, sans compter les "simples amants égoïstes", pour qui j'étais si indispensable, si évidente, si magique, si impressionnante, si parfaite comme bulle d'oxygène... n'ont plus besoin de moi. Le besoin est comblé. Adieu, on passe à la suivante ? Quelle chance ils ont que je ne sois pas femme avide de vengeance, avec tout ce que je sais, ce que j'ai. Ils ne me respectent plus vraiment mais ont une confiance inconsciente en ma "gentillesse". Un scénariste de série se régalerait d'une situation pareille.
Je n'ai pourtant jamais demandé la lune, même s'ils me l'ont proposée à travers des mots enflammés que j'ai volontairement calmé. Je souhaitais être celle que l'on respecte aussi, celle que l'on aime peut-être, celle qui compte à un point qui provoque bien plus qu'un manque ou qu'un frisson quand on pense à elle.
Tant de mots qui accentuent des blessures que je crois désormais incurables.
Se sentir désormais inutile, comme un doudou oublié dans un coin sans même un au revoir décent lorsqu'on a trop grandi... Le paradoxe de l'amante qui a fait son devoir sûrement.
Ce jour, j'en pleure encore. Pour chacun d'entre eux, mais surtout pour lui que je déteste désormais, pour lui à qui j'en veux d'avoir agit comme ça et surtout pour lui que j'ai tant cru encore et encore ces derniers mois, comme s'il pouvait changer.
Ce soir, je pleure avec une impression de déjà vue...
Ce soir, je n'y crois plus...