Un jour j'ai aimé dormir avec mon amant

Toutes ces nuits où j'ai dormi seule, heureuse de m'étendre sans concession, de ne pas avoir peur de respirer fort, voire ronfler en tuant l'illusion d'être une femme glamour...

Toutes ces nuits sans faire attention aux nombreux mouvements que je faisais lors de mes rêves, de mes insomnies, de mes impatiences occasionnelles dans les jambes...

Toutes ces nuits à faire ce que je voulais sans me préoccuper que d'un ours en peluche de mon enfance, veillant consciencieusement sur mon sommeil du bout du lit...

Toutes ces nuits où je leur ai bien précisé qu'ils ne dormiraient pas chez moi, que je n'arrivais pas à dormir avec quelqu'un, que je n'en n'avais pas envie, que c'était trop personnel...

Toutes ces nuits à vouloir un câlin, m'endormir dans des bras puissants ou secrètement espérer qu'il me regarde dormir comme si j'étais un cadeau, comme si j'étais encore plus belle et apaisante dans mon sommeil...

Jusqu'à R.32 ans, je n'aimais pas dormir avec quelqu'un. Ma mère peut-être occasionnellement quand j'étais petite et que mon père était en voyage d'affaires ; elle avait si peur toute seule et moi j'étais si jeune et le lit était si grand, c'était un moment complice où elle m'engueulait systématiquement parce que je "faisais de l'air dans les draps en bougeant tout le temps". Des copines aussi mais une fois qu'on a fermé les yeux, on ne fait plus attention. Des potes de temps en temps en week-end chez les autres, à "camper" comme on pouvait, bande de vingtenaires, sur le canapé ou le lit d'amis, mais encore une fois un vrai pote, on ne fait pas attention et on se couche en pyjama improbable. Des ex petits-amis mais qui n'ont pas vraiment compté, à part un, mais qui dormait sur le ventre, sans bouger tel Dracula, et qu'il ne fallait pas toucher.

Non, jusqu'à lui, jusqu'à l'homme dont je suis tombé amoureuse, je n'ai jamais aimé vraiment dormir avec un homme, un amant. Même le peu que j'ai accepté dans mon lit l'année dernière et qui tentaient un câlin avant de dormir, n'étaient jamais tolérés à 100% dans ma tête, dans mon corps. R. 28 ans a été adorable je le reconnais, J. 31 ans et A. 25 ans (que je n'ai jamais cité ici) aussi. Très câlineurs, très compréhensifs sur mes envies, mais la tendresse partait dès les premiers changements de positions pour dormir et le réveil n'était pas aussi tendre que la veille après le sexe. Je ne peux pas leur reprocher, finalement, nous ne sommes qu'amants... Bref, ce n'était "pas vraiment ça". Dans ma vie j'ai du dormir avec moins de 10 hommes différents. Alors que je compte bien plus d'amants que cela...

J'en ai donc conclu qu'il fallait que j'ai des sentiments bien plus forts, que l'autre aussi, voire peut-être que je sois amoureuse pour aimer dormir avec un homme. R. 32 ans s'est tellement protégé à la fin qu'il n'était plus aussi démonstratif qu'au début de nos nuits, même si elles sont à compter sur les doigts des mains. A lui non plus, je ne lui en veux pas. Notre situation était si complexe, les sentiments étaient si difficiles à gérer... J'ai toujours eu beaucoup de tendresse de sa part au moment de se glisser dans les draps, mais je pourrais parier qu'il ne m'a jamais regardé dormir.

Et puis j'ai dormi avec C. 40 ans. Il a tout changé. Si seulement il savait. Véritable amoureux, véritable sensible, véritable partageur, son envie de s'endormir contre moi, contre ma peau, contre mon corps était incroyable. Son besoin de me serrer dans ses bras, de m'embrasser tendrement avant d'éteindre la lumière, de me souhaiter de doux rêves, de me regarder dormir, d'être attentif à mon sommeil, de réagir à mes mains qui le cherchaient instinctivement la nuit, d'être là à mon réveil, de me tenir contre lui dès les premiers battements de cils du matin... Tout cela a changé mon envie de dormir seule.

Bien évidemment, je dors toujours mieux quand je suis seule (sauf si je suis très fatiguée), car mon cerveau ne s'éteint pas encore complètement quand je m'endors contre lui. J'espère ne pas respirer fort ou ronfler, de pas lui mettre un coup quand je me tourne, ne pas le gêner quand je bouge, ne pas le réveiller quand je me lève, ne pas le déranger quand je fais un cauchemar ou quand je parle ou rigole (oui, ça m'arrive). J'ai quelques "tics" quand je dors bien, quelques positions, et j'y pense toujours quand je dors avec un amant, avec lui aussi. C'est encore trop récent, l'habitude, la routine n'a pas fait son oeuvre pour que mon esprit déconnecte (et encore heureux !). Mais il a changé cette façon de dormir. Parfois il me manque, je me retourne dans mon lit, je tends la main, je caresse le drap et il n'est pas là. Il est chez lui... il dort à côté de sa femme.

Alors j'ai une pensée profonde, un sourire puis un air triste quelques secondes à peine, je me retourne et je m'endors. C'est une nuit où je n'aurais pas de câlins au réveil, mais je m'étirerais comme un chat au milieu de mon 160cm, on verra plus tard pour le reste ;-)

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