Il m'a contacté par message, me demandant d'être "sa muse de pieds", je m'en souviens très bien. J'ai même gardé la conversation tellement c'était soudain et surprenant pour moi. Il était fétichiste, fétichiste des pieds. Une envie de les regarder, de les toucher, de les sentir, de les effleurer...
Sa proposition était simple, il voulait quelques photos puis convenir d'un rendez-vous pendant lequel il m'offrirait des chaussures après plusieurs essayages dans un magasin qu'il connaissait, vouloir me les enfiler, que je les hydratent et mettre du vernis, puis ensuite aller chez lui pour qu'il puisse les photographier et se masturber devant moi. Ou plutôt devant mes pieds. Car seuls eux l'intéressaient.
Je me souviens m'être sentie vexée de n'être considérée que "pour mes pieds". C'est bien stupide quand on pense au nombre d'hommes qui ne s'intéressent qu'à nos seins, nos jambes ou notre cul, mais mes pieds, j'avoue que je ne m'y attendais pas. Je n'y ai jamais pensé, je ne les ai jamais vraiment regardé. J'en prends soin mais ils ne font pas spécialement ma fierté.
Dans un souci d'abandon et de sécurité, ils a souhaité me montrer exactement ce qu'il voulait et qui il était. Plutôt craquant, très craquant même. Brun, cheveux courts avec une mèche qui donne envie d'y passer sa main, des yeux bleus, la petite trentaine, travaillant dans des bureaux. Le jeune homme classique si je puis dire.
Sur un moment de confidence et parce que j'aimais lui poser des questions, il m'avoua timidement avoir de gros soucis relationnels avec les femmes, la sienne également qui ne comprenait pas son fétichisme et l'avait tourné en moquerie, ce qui était une véritable frustration pour lui... Il me dit aussi que le corps ne l'intéressait pas à part les pieds. Les baiser, les effleurer, les caresser, les embrasser, les matter, les renifler, les avoir en talons s'écrasant sur son torse, effleurant ses couilles. Mais aussi que son réel fantasme était deux pieds qui le branleraient.
Bien qu'il n'y avait aucun danger et que j'aurais adoré que l'on m'offre une paire de chaussures dans ce magasin où les prix frôlent le tarif d'une escort girl, je n'ai pas donné suite... Sans le connaître, il m'avait fait confiance et je n'ai pas voulu trahir son fantasme qu'il mérite avec quelqu'un qui souhaitera réellement le partager et non une profiteuse matériel comme moi aurait pu l'être. De plus, cela me faisait tellement rire de l'autre côté de mon écran que je me demandais si j'aurais été capable de garder mon sérieux en situation réelle.
Il n'était pas tordu, ni vicieux. Il proposait de me traiter avec douceur, de s'occuper de moi, de juste regarder, d'effleurer, de respecter. Il était gentil. Il était tout simplement amoureux des pieds, comme d'autres sont obsédés par les seins. Il avait besoin de domination, être littéralement aux pieds d'une femme pour se libérer de cette frustration que ne lui offrait pas sa compagne depuis plusieurs années et qu'elle ne comprenait pas.
Après quelques mots, je lui souhaitais de trouver celle qui le comblerait. Je lui dit "je vous embrasse. Sincèrement". Et il me répondit... "Mademoiselle, ces échanges furent un véritable délice, je vous baise les pieds, même virtuellement."
C'était un moment. Un flottement. Un échange. Étonnant, mais qui m'a fait sourire. Je venais d’être confronté à mon premier fétichiste !