L'innocence d'un simple lien menottant les poignets regorge de tellement de secrets qu'elle en reste délicieuse. Les possibilités sont nombreuses : un fouloir, une écharpe, des menottes, une corde, des bas/collants, une cravate... Le fait élémentaire d'attacher l'autre est de prendre le plaisir dans sa frustration et son abandon.
Se laisser attacher est une véritable preuve de confiance (ou d'inconscience). Il y a encore quelques mois, il m'était impossible d'offrir ce cadeau à mes amants. L'ayant fait une fois il y a longtemps, j'avais pu expérimenter la simulation parfaite pour éviter de décevoir mon partenaire si enthousiaste à cette époque. Mais c'est justement grâce à mes amants "mariés" que j'ai pu libérer cette peur du contrôle, cette illusion subtile et délicate que le contrôle est à celui qui attache. Hors, ce n'est pas tout à fait vrai...
Je me souviens encore de la couleur de ce foulard... bordeaux avec des liserets dorés... en satin... de son contact doux me faisant frissonner... du regard de R. 32 ans lorsque je lui accorda ce privilège. Ma respiration s'était accélérée... Suis-je folle, je le connais à peine et je lui donne tout pouvoir, il peut tout me faire. Cette partie du cerveau reptilien, animal, a pris le dessus et le désir brûlant de me laisser mener et dominer par un amant impatient d'être responsable de tout mon plaisir, était grisant.
Je me souviens de ses mains laissant courir le foulard sur mon corps avant de m'attacher, puis de saisir fortement mes poignets, en me les attachant derrière le dos, n'ayant aucun moyen de le toucher lorsqu'il "abuserait" de moi... Se passant la langue sur les lèvres comme un ogre se délectant de son prochain repas, me voyant offerte, à sa merci, le désir n'en n'était que plus grand.
Pas de SM ici, juste une relation très légère de domination avec une simple confiance de l'autre et un mot d'alerte si la situation ne convenait plus (douleurs dans les bras/poignets, désir trop intense...). R. prend son pied dans la frustration de sa partenaire. Avoir le pouvoir de plaisir, d'orgasme sur l'autre. Et la femme de caractère, en constant bouillonnement d'indépendance que je suis s'est délectée de donner les rennes à l'autre. D'avoir le droit de s'abandonner.
Les liens me serraient mais le voir passer sa langue sur toutes les parties de mon corps, me cambrer pour apercevoir sa tête entre mes cuisses, subir les vibrations incessantes du toy qu'il utilisait sur moi ou devoir soutenir son corps sans pouvoir le toucher était un plaisir délectable que je recommande d'essayer au moins une fois.
C'est un cadeau que je fais a mes amants, de confiance uniquement, à ces hommes qui ne s'accordent pas ce plaisir de réalisation avec Madame. Beaucoup d'entre eux n'expriment pas leurs envies de "domination", même avec elles, sous peur d'être jugé comme pervers ou en pleine crise de la quarantaine sexuelle. Dans d'autres cas, le blocage vient de Madame elle-même qui n'affectionne pas l'idée de ne plus "partager d'égal à égal" cette relation amoureuse dans le lit.
La maîtresse devient alors la confidente d'une envie, la possibilité du fantasme, la délivrance du désir.